Une folie n’est, essentiellement et traditionnellement, ni plus ni moins qu’une structure qui elle-même crée de l’architecture. Cette typologie ambiguë, entre art, installation, architecture, paysage, est généralement expressive ou extravagante, et, pour cela même, perçue comme inutile, ou plutôt non-fonctionnelle, un « vaisseau vide dont la seule signification découle des formes changeantes de l’occupation humaine » 1.

Les Folies de Neuilly — Ainsi donc les Folies naissent et existent dans une relation symbiotique avec les citoyens. Dans cet axe historique, des jardins linéaires, comme des bandes vivantes, feront grandir un nouvel écosystème. À la manière d’un champignon qui pousse au pied d’un arbre, en symbiose avec les éléments constitutifs de son environnement, nous imaginons les Folies tels des organismes vivants apparaissant subrepticement, lorsque les conditions propices sont réunies. Résultats ou « fruits » de la convergence souterraine et invisible, à l’image du mycélium, de tout un réseau citoyen et institutionnel.

Approche — Sans fonction précise ou unique, les Folies que nous proposons sont ouvertes à l’interprétation. Elles sont propices à tous les usages et à toutes les formes d’appropriation. Elles ne dictent, ni ne déterminent, mais plutôt libèrent. Basées sur des trames et constituées d’éléments modulaires, elles sont conviviales, adaptables et disponibles dans une variété de déclinaisons permettant la personnalisation.

Forme — Les Folies sont inspirées de la nature et de sa force étonnante et mystérieuse. Tout en évitant les mimétismes, les formes des pavillons sont légères, répétitives et organiques. Un principe de lamelles est à la base d’agencements élégants qui définissent et étendent l’espace grâce à leur présence à la fois impressionnante et immatérielle.​​​​​​​
Principe constructif — lames, lamelles, lamellules — Résultant de millions d’années d’évolution, le principe structurel des champignons lamellés permet de supporter le chapeau tout en minimisant la quantité de matière utilisée et donc les ressources nécessaires. Ce principe devient identitaire et unificateur. Il présente les qualités suivantes qui sont en relation avec les objectifs du projet :
- légèreté, finesse, transparence des structures;
- propice à la modularité et à l’adaptabilité (assemblages d’éléments identiques ou similaires);
- unité de forme de base élémentaire et mode d’assemblage unique; 
- multiples variations, déclinaisons, ambiances;
- lames sont : paroi,  filtre, structure, etc.; 
- Interstices entre les lames sont : source lumineuse (naturelle et artificielle), espace d’intégration des systèmes techniques, rangements, etc.
De plus, un système de rotules est proposé pour permettre de modifier la position de certaines lames pour transformer et adapter au quotidien les Folies, contribuant au confort  et répondant aux besoins des entreprises et des usagers (protection solaire, ouverture, fermeture, extension, affichage, etc.)

Cinétique — Les résidents, lors de leurs déplacements autour des Folies, à des vitesses différentes (piétons, cyclistes, voitures), pourront apercevoir les effets optiques associés aux trames des lames (moirés, transitions opaque-ouvert, etc.).

Matérialité — Le matériau des lames varie en fonction des impératifs fonctionnels et techniques, ou des ambiances souhaitées par les exploitants. Peu importe la matière, les lames sont à la fois structure, paroi, filtre, mobilier, dispositif d’exposition, etc.

À ces matériaux s’ajoute un matériau supplémentaire : le champignon. La matière est fabriquée à partir de mycélium et de biomasse. Le mycélium est le réseau souterrain de fils ou «racines» des champignons. Il agit comme colle naturelle liant une biomasse.

Une variété de mycomatériaux se développent : blocs, panneaux acoustiques, emballages, revêtements de sol ou cuir vegan. On imagine leur utilisation pour des objets mobiles, non programmés, modulaires et simples, légers et translucides, pouvant servir de banc, de table, de stand démontable, d’accoudoir, d’isolant entre les lamelles, etc. 
Mise en lumière — La bioluminescence est plus présente dans la nature que ce que l’on imagine. Plusieurs espèces de champignons utilisent ce phénomène extraordinaire. Basée sur ce mécanisme, la présence énigmatique et attractive des Folies habitera les nuits de Neuilly. 

Technologies et espaces phygitaux — Les possibilités de complémentarité entre l’expérience physique et le numérique sont nombreuses. Elles peuvent être liées à la mise en lumière, à des projections ou à l’intégration de bornes.  Grâce à la géolocalisation, à l’identification de présence ou à des applications, il peut y avoir une interaction directe et personnalisée entre les Folies et les utilisateurs. Par exemple, en dehors des ouvertures, une réactivité peut être mise en place avec des programmations lumineuses ou des projections sur les lamelles, crées par une marque.  
Développement durable — Le bois et les champignons (mycélium) sont reconnus comme étant les matériaux les plus naturels et les plus écologiques disponibles. Le verre et l’acier inoxydable sont parmi les matériaux qui ont la plus grande longévité.

Les lames seront mises à profit  pour assurer le confort des usagers. Elles serviront de brise-soleil ou protection contre le vent et la pluie et leur agencement sera étudié pour éviter la surchauffe en été.

1. Jacques Derrida à propos des folies de Bernard Tschumi, “Point de Folie—Maintenant L’Architecture”, in “Bernard Tshumi: La Case Vide—La Villette”, AA Files, No. 12 (Summer 1986), p. 65-75.
client :  Ville de Neuilly-Sur-Seine
programme :  appel à candidatures Les Folies dans le cadre du projet Les Allées de Neuilly, Neuilly-Sur-Seine 
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